2021 - science-fiction
Quatrième de couverture
Ryland Grace est le seul survivant d'une expédition spatiale de la dernière chance. S'il échoue, c'est le sort de l'humanité et la Terre tout entière qui sera en péril.
Mais pour l'instant, il ignore tout de cela. Il ne se souvient même pas de son propre nom, et encore moins des objectifs de sa mission. Il sait seulement qu'il est resté en sommeil très, très longtemps. Et il vient de se réveiller pour découvrir qu'il se trouve à des millions de kilomètres de chez lui, avec deux cadavres pour toute compagnie.
Ryland se rend compte peu à peu qu'il doit faire face à une tâche impossible. Filant à travers l'espace, il lui faut trouver la clé d'un mystère scientifique insondable… et combattre un fléau qui laisse présager l'extinction de notre espèce.
Alors que chaque minute compte et que des années-lumière le séparent de l'être humain le plus proche, il est seul pour relever cet incroyable défi…
Mais l'est-il vraiment ?
Mon avis
Intrigue : 5/5
Le récit est construit en alternant le point de vue passé et présent du protagoniste.
Au présent, Ryland Grace se réveille dans une pièce presque vide, sans fenêtre, en compagnie de deux cadavres momifiés dans leur lit. Il n'a aucun souvenir de son identité et ne sait pas où il se trouve.
Ryland est pris en charge par des bras robotiques, qui lui soumettent quelques tests comme des mathématiques simples avant de lui permettre plus de liberté. Il reçoit alors l'accès à une seconde pièce, un laboratoire, dans lequel il effectue quelques expériences qui l'amène à la conclusion qu'il se trouve non pas isolé dans une installation de quarantaine, mais dans un vaisseau spatial...
Enfin, il se souvient de son vrai nom, qui lui débloque l'accès à la salle de contrôle. Peu à peu, ses souvenirs lui reviennent et il comprend qu'il est le dernier survivant d'une mission de sauvetage de l'humanité (mais pas de pression, hein).
Au passé, un étonnant phénomène est observé dans le système solaire : un rayonnement infrarouge linéaire entre le Soleil et Vénus, bien vite appelée la ligne Petrova, du nom de la personne qui l'a découverte. Ce rayonnement est dû à une forme de vie étonnante : des sortes de bactéries cosmiques qui se nourrissent de lumière stellaire, baptisées astrophages. Problème : ces astrophages sont voraces et il vont, à terme, entraîner l'assombrissement du Soleil, assurant l'extinction de l'humanité.
Le travail académique controversé sur les extraterrestres de Ryland Grace attire l'attention d'Eva Stratt, responsable du projet Dernière Chance. Elle le convoque afin qu'il l'aide à étudier les astrophages et trouve une solution pour les éradiquer avant qu'il ne soit trop tard.
La construction intelligente du récit permet de doser habilement le suspense, et l'on ne s'ennuie pas une minute.
Idées : 5/5
Je n'ai jamais vu le thème du premier contact, un classique de la SF, être traité avec autant d'habileté et de rigueur scientifique, à part peut-être dans le très bon Les Dieux Eux-mêmes du maître Asimov.
Nous sommes ici clairement dans de la hard SF, c'est-à-dire fondée sur l'état actuel de nos connaissances scientifiques et avec un soupçon d'extrapolations, mais toujours raisonnables et crédibles.
Que c'est intelligent ! à des années-lumières (littéralement) des clichés manichéens d'invasions extraterrestres, auquel n'échappe pas Le Problème à Trois Corps de Liu Cixin par exemple, bien qu'on y retrouve une originalité comparable en terme de SF.
Rien que la démarche de Ryland dans les premières pages, qui lui permet de comprendre qu'il est dans un vaisseau spatial, est fascinante et nous renvoie à nos cours de physique, sans jamais être rébarbative.
De manière générale, les spéculations sur les possibilités de vie extraterrestre et leurs formes possibles sont tout à fait passionnantes et innovantes.
Personnages : 4.5/5
Le roman est écrit à la première personne. A la manière d'un Stephen King, Andy Weir ne décrit jamais vraiment Ryland Grace, le narrateur, nous permettant ainsi de nous identifier plus facilement à lui.
Il est d'autant plus aisé de se mettre à sa place qu'il est loin d'être parfait. Son intelligence et sa perspicacité sont compensées par la lâcheté dont il peut parfois faire preuve.
Un personnage qui devient de plus en plus attachant au fil de l'histoire, et qui présente une belle évolution, vers un final magnifique.
Les deux autres personnages principaux sont Eva Stratt et Rocky.
La première est une responsable sans scrupule qui concentre tous ses efforts sur la survie de l'humanité. Telle une machine, elle franchit un à un tous les obstacles sans laisser apparaître la moindre fissure dans sa détermination sans faille, et ce jusqu'à un final qui confirme cette facette tout à fait impitoyable de sa personnalité, même si c'est pour une juste cause.
Le second est lui le personnage le plus intéressant du roman. Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler. Je vous laisse le plaisir de le découvrir. L'auteur a fait très fort.
Style : 4/5
Ce n'est pas le point fort du roman, sans pour autant être un point faible.
En réalité, le style est minimaliste. Il s'efface complètement au profit de l'histoire, des personnages et des idées.
A de très rares occasions, l'auteur se permet une figure de style, rendant son impact d'autant plus percutant, mais, la majorité du temps, c'est très dépouillé.
Jugez par vous-même : "J'atteins l'échelle et j'attrape ses barreaux. Je n'ai pas vraiment besoin de m'accrocher, mais j'avoue que cela fait du bien. L'écoutille, au-dessus, m'a l'air sacrément solide. Je suppose qu'elle est hermétique. Et verrouillée, sans doute. Je me dois d'essayer, cependant."
Nous sommes, ainsi, la majorité du temps, dans la description factuelle des évènements vécus par le narrateur, qui laisse peu entrevoir ses émotions et se concentre sur l'analyse de ce qui l'entoure ainsi que ses questionnements et hypothèses. Au final, ce parti-pris est plutôt immersif, même si certains lecteurs pourront lui reprocher une certaine absence de poésie.
En fin de compte, le style se rapproche beaucoup de celui d'un auteur comme Kim Stanley Robinson, par exemple avec son excellent Aurora, un autre roman de hard SF mettant en scène un voyage spatial.
En bref :
Ne vous laissez pas refroidir par la couverture ultra-cheap, le titre peu inspiré (l'original, Project Hail Mary, était beaucoup plus poétique à mon sens) ou l'ostentatoire "par l'auteur de Seul sur Mars" : ce Projet Dernière Chance et une merveille de hard SF, sorte de mélange subtil entre la modernité d'un K. S. Robinson, la rigueur d'un Asimov et l'originalité d'un Liu Cixin.
NOTE GLOBALE : 4.5/5
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